Dans les années qui suivent la seconde guerre mondiale, pouvoir se loger en France est devenu pour les plus démunis, catastrophique. Des familles entières survivent dans des conditions de précarité très grande. Pendant l’hiver 53/54 très rigoureux les « couches dehors » sont les premières victimes. Le 1ère février 1954, l’abbé Pierre lance un appel désespéré sur les ondes de radio Luxembourg. Suite au décès de nombreux sans abris cet appel est entendu et les dons affluent, Émmaüs récolte 500 millions de francs.Le gouvernement de l’époque prend enfin des décisions, le ministre de la reconstruction Maurice Lemaire décide la mise en place de « cités d’urgence » En 1956 commence la construction de la Barre Émmaüs sur la commune de Villeneuve la Garenne et 132 familles accèdent à un vrai logement doté de toilettes individuelles et de salle de bain. Soixante ans plus tard la municipalité de Villeneuve la Garenne décide la destruction de la Barre HLM ( gérée par le groupe 3F ) devenue vétuste et nécessitant de gros travaux de réhabilitation et le relogement de tous les habitants. Les premiers déménagements débutent en 2019 et les derniers « récalcitrants » partiront en septembre 2020, le site à l’état d’abandon est devenu un parking sauvage livré aux trafics. J’ai commencé à suivre le projet au moment ou les deux dernières familles sont parties. Ensuite s’en est suivi la démolition interne de l’édifice pour récupération de matériaux. J’ai pu à ce moment la circuler dans tout le bâtiment et photographier les intérieurs de tous les appartements. Le but étant d’essayer de capter une certaine mémoire des lieux ou des familles ont vécus sur plusieurs générations et d’en garder la trace. La destruction du bâtiment par « grignotage » a succédé à cette première phase jusqu’à l’effacement complet de l’édifice dans le paysage de la ville.
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